sábado, 16 de enero de 2016

Termino mi selección de citas de “El Tiempo Recuperado” de Proust con sus reflexiones sobre, precisamente, el Tiempo.


L’être qui était rené en moi... cet être-là ne se nourrit que de l'essence des choses, en elles seulement il trouve sa subsistance, ses délices. Il languit dans l’observation du présent où les sens ne peuvent la lui apporter, dans la considération d’un passé que l’intelligence lui dessèche, dans l’attente d’un avenir que la volonté construit avec des fragments du présent et du passé auxquels elle retire encore de leur réalité, ne conservant d’eux que ce qui convient à la fin utilitaire, étroitement humaine, qu’elle leur assigne. Mais qu’un bruit déjà entendu, qu’une odeur respirée jadis, le soient de nouveau, à la fois dans le présent et dans le passé, réels sans être actuels, idéaux sans être abstraits, aussitôt l’essence permanente et habituellement cachée des choses se trouve libérée et notre vrai moi qui, parfois depuis longtemps, semblait mort, mais ne l’était pas autrement, s’éveille, s’anime en recevant la céleste nourriture qui lui est apportée.
El ser que había renacido en mi... ese ser no se nutre sino de la esencia de las cosas, solo en ellas encuentra su subsistencia, sus delicias. El se queda en la observación del presente,  donde los sentidos no se la pueden aportar, en la consideración de un pasado que la inteligencia reseca y también en la espera de un porvenir que la voluntad construye con fragmentos del presente y el pasado, los que aparta de su realidad y no toma de ellos sino lo que conviene al objetivo utilitarista, estrechamente humano, que ella les asigna. Pero si un sonido ya escuchado, si un olor aspirado hace un tiempo, le son de nuevo, presente y pasado a la vez, reales sin ser actuales, ideales sin ser abstractos, enseguida la esencia permanente y habitualmente oculta de las cosas se libera y nuestro verdadero yo que, a veces, desde hace tiempo, parecía muerto, pero no lo estaba, se despierta, se anima al recibir el celestial alimento que se le da.

...ce n’était pas plus sur la place Saint-Marc que ce n’avait été à mon second voyage à Balbec, ou a mon retour a Tansonville, pour voir Gilberte, que je retrouverais le Temps Perdu, et le voyage que ne faisait que me proposer une fois de plus l’illusion que ces impressions anciennes existaient hors de moi-même, au coin d’une certaine place, ne pouvait être le moyen que je cherchais.
...ya no era en la Plaza de San Marcos y no fue en mi segundo viaje a Balbec ni en mi regreso a Tansonville, a ver a Gilberte, donde recuperaría el Tiempo Perdido, y el viaje (que no hacía más que darme de nuevo la ilusión de que estas viejas impresiones existían fuera de mi) a la esquina de cierta plaza, no podía ser el medio que yo buscaba. 

...une chose que nous avons regardé autrefois, si nous la revoyons, nous rapporte, avec le regard que nous y avons posé, toutes les images qui le remplissaient alors. C’est que les choses —un livre sous sa couverture rouge comme les autres— sitôt qu’elles sont perçues par nous, deviennent en nous quelque chose d’immatériel, de même nature que toutes nos préoccupations ou nos sensations de ce temps-là, et se mêlent indissolublement à elles. Tel nom lu dans un livre autrefois, contient entre ses syllabes le vent rapide et le soleil brillant qu’ils faisait quand nous le lisions. Dans la moindre sensation apportée par le plus humble aliment, l’odeur du café au lait, nous retrouvons cette vague espérance d’un beau temps qui, si souvent, nous sourit, quand la journée était encore intacte et pleine, dans l’incertitude du ciel matinal; une heure est un vase remplit de parfum, des sons, de moments, d’humeurs variées, de climats. De sorte que la littérature qui se contente de “décrire les choses”, d’en donner seulement un misérable relevé de lignes et de surfaces, est celle qui, tout en s’appelant réaliste, est las plus éloignée de la réalité, celle qui nous appauvrit et nous attriste le plus, car elle coupe brusquement toute communication de notre moi présent avec le passé, dont les choses gardaient l'essence, et l’avenir, où elles nous incitent à les goûter de nouveau. C’est elle que l’art digne de ce nom doit exprimer, et, s’il y échoue, on peut encore tirer de sa impuissance un enseignement (tandis qu’on n’en tire aucun des réussites du réalisme), à savoir que cette essence est en partie subjective et incommunicable.Bien plus, une chose que nous vîmes à une certaine époque, un livre que nous lûmes ne restent pas unis à jamais seulement à ce qu’il y avait autour de nous; il le reste aussi fidèlement à ce que nous étions alors, il ne peut plus être repassé que par la sensibilité, par la personne que nous étions alors...
...una cosa que vimos alguna vez, si la volvemos a ver, nos entrega, con la mirada que le hemos puesto, todas las imágenes que entonces la colmaban. Porque las cosas —un libro en su cubierta roja como cualquier otro— tan pronto como las percibimos, se vuelven algo inmaterial en nosotros, de la misma naturaleza que todas nuestras preocupaciones o sensaciones de entonces y se mezclan con ellas de manera indisoluble. Un nombre leído alguna vez en un libro contiene entre sus sílabas el viento veloz y el sol radiante que hacían cuando lo leímos. En la menor sensación causada por el más sencillo alimento, el olor del café con leche, reencontramos esa vaga esperanza de un tiempo bello que tan a menudo nos sonrió cuando el día era aún real y pleno, en la incertidumbre del cielo matinal; una hora es un vaso lleno de perfume, de sonidos, de momentos, de humores diversos, de climas. De suerte que la literatura que se contenta con “describir las cosas”, con darnos una miserable descripción de líneas y superficies, es la que, así se llame realista, es la más alejada de la realidad, es la que más nos empobrece y entristece, porque corta bruscamente toda comunicación de nuestro yo presente con el pasado, cuando las cosas guardaban su esencia, y con el porvenir, donde ellas nos invitan a gustarlas de nuevo. Eso es lo que el arte digno de su nombre debe expresar y, si falla en ello, todavía se puede extraer de su impotencia una enseñanza (mientras no sea uno de los alcances del realismo), a saber, que esa esencia es en parte subjetiva e incomunicable.
Ahora bien, una cosa que vimos en cierta época, un libro que leímos no se quedan solo unidos a lo que nos rodeaba; se les queda también fielmente lo que éramos en ese momento, lo que no puede ser retomado sino por la sensibilidad, por la persona que éramos entonces...

...je m'aperçus, pour la première fois, d’après les métamorphoses qui s'étaient produites dans tous ces gens, du temps qui avait passé pour eux, ce qui me bouleversa par la révélation qu’il avait passé aussi pour moi.
...me percaté, por primera vez, por las metamorfosis que se habían producido en toda esta gente, del tiempo que había pasado para ellos, lo que me sacudió al revelárseme que también había pasado para mi.

...ce que nous apercevons à l’horizon prend une grandeur mystérieuse et nous semble se refermer sur un monde qu’on ne reverra plus; cependant nous avançons, et c’est bientôt nous-même qui sommes à l’horizon pour les générations qui sont derrière nous; cependant l’horizon recule, et le monde, qui semblait fini, recommence.
...lo que percibimos en el horizonte asume una grandeza misteriosa y nos parece atado a un mundo que no se volverá a ver; mientras tanto, avanzamos y muy pronto somos nosotros los que quedamos en el horizonte para las generaciones que nos siguen; el horizonte retrocede entonces y el mundo, que parecía terminado, recomienza.

...dans la durée de la vie, comme une suite de moi juxtaposés mais distincts qui mourraient les uns après les autres ou même alterneraient entre eux...
...en el transcurso de la vida, como una serie de “yo” yuxtapuestos, pero distintos, que morirían unos tras otros o que hasta se alternarían entre sí...

...le temps qui change les êtres ne modifie pas l’image que nous avons d’eux.
...el tiempo que cambia a los seres no modifica la imagen que tenemos de ellos.


Refiriéndose el protagonista al libro que siempre decía que quería escribir y nunca era capaz de hacerlo (una figura para referirse Proust a su descomunal obra):

... le supporter comme une fatigue, l’accepter comme une règle, le construire comme une église, le suivre comme un régime, le vaincre comme un obstacle, le conquérir comme une amitié, le suralimenter comme un enfant, le créer comme un monde...
...soportarlo como una fatiga, aceptarlo como una regla, construirlo como una iglesia, seguirlo como un régimen, vencerlo como un obstáculo, conquistarlo como una amistad, alimentarlo como un niño, crearlo como un mundo...

On accepte la pensée que dans dix ans soi-même, dans cent ans ses livres, ne seront plus. La durée éternelle n’est pas plus promise aux œuvres qu’aux hommes. Ce serait un livre aussi long que les Mille et une Nuits peut-être, mais tout autre.
Se acepta la idea de que en diez años uno mismo, en cien años sus libros, ya no estarán. La eternidad no promete más a las obras que a los hombres. Tal vez un libro como Las Mil y Una Noches, pero los demás...


Refiriéndose nuevamente al libro...

Cette dimension du Temps, que j’avais jadis pressentie dans l’église de Combray, je tâcherais de la rendre continuellement sensible dans une transcription du monde qui serait forcément bien différente de celle que nous donnent nos sens si mensongers.
Esta dimensión del Tiempo que otrora yo había presentido en la iglesia de Combray, trataré de hacerla siempre sensible en una transcripción del mundo que será forzosamente muy diferente de la que nos dan los sentidos, tan engañosos.


...tout le monde sent que nous occupons une place dans le Temps, mais, cette place, le plus simple la mesure approximativement comme il mesurerait celle que nous occupons dans l’espace. Sans doute, on se trompe souvent dans cette évaluation, mais qu’on ait cru pouvoir la faire signifie qu’on concevait l'âge comme quelque chose de mesurable.
Todo el mundo piensa que ocupamos un lugar en el Tiempo, pero a este sitio, el más simple lo mide más o menos como mediría el que ocupamos en el espacio. Sin lugar a dudas, nos equivocamos a menudo en esta evaluación, pero que se haya creído poder hacerla significa que se concebía la edad como cosa medible.


Una vez más el libro...

...que je n’eusse pas un instant pris de repos, cessé d’exister, de penser, d’avoir conscience de moi, puisque cet instant ancien tenait encore à moi, que je pouvais encore le retrouver, retourner jusqu’à lui, rien qu’en descendant plus profondément en moi. C’était cette notion du temps incorporé, des années passées non séparées de nous, que j’avais maintenant l’intention de mettre si fort en relief dans mon œuvre.
...que yo no me hubiera tomado un instante de reposo, dejado de existir, de pensar, de tener conciencia de mí mismo, puesto que este antiguo instante se sostenía en mí, lo podía retomar, regresar a él, con solo penetrar más profundamente en mí. Era esta noción del tiempo incorporado, de los transcurridos años no desligados de nosotros, lo que ahora tenía como intención de poner tan claramente de relieve en mi obra.



J’éprouvais un sentiment de fatigue profonde à sentir que tout ce temps si long non seulement avait sans une interruption été vécu, pensé, sécrété par moi, qu’il était ma vie, qu’il était moi-même, mais encore que j’avais à toute minute à le maintenir attaché à moi, qu’il me supportait, que j’était juché à son sommet vertigineux, que je ne pouvais me mouvoir sans le déplacer avec moi.
Experimenté una sensación de fatiga profunda al sentir que todo este tiempo tan largo no solo había sido vivido sin interrupción, pensado, segregado por mi, que era mi vida, que era yo mismo, pero que también yo lo había mantenido ligado a mí cada minuto, que él me soportaba, que yo estaba encaramado en su cumbre vertiginosa, que no podía moverme sin arrastrarlo conmigo.


Últimas líneas de la obra:

...Si du moins il m’était laissé assez de temps pour accomplir mon œuvre, je ne manquerais pas de la marquer au sceau de ce Temps dont l’idée s'imposait a moi avec tant de force aujourd’hui, et j’y décrirais les hommes, cela dût-il les faire ressembler à des êtres monstrueux, comme occupant dans le Temps une place autrement considérable que celle si restreinte qui leur est réservée dans l’espace, une place, au contraire, prolongée sans mesure, puisqu’ils touchent simultanément, comme des géants, plongés dans les années, à des époques vécues par eux, si distantes —entre lesquelles tant de jours son venus se placer— dans le Temps.
Si por lo menos me quedara suficiente tiempo para llevar a cabo mi obra, yo no dejaría de marcarla con el sello de este Tiempo cuya idea se me imponía ahora con tanta fuerza y allí describiría los hombres, lo que debería hacerles parecer seres monstruosos, como ocupando en el Tiempo un lugar mucho más considerable que ese tan restringido que les corresponde en el espacio; un lugar, por el contrario, prolongado sin medida, puesto que tocan simultáneamente, como gigantes, inmersos en los años, épocas vividas por ellos, tan separadas en el Tiempo —entre las que se han acomodado tantos días—.

Traducciones libres, con base en mi propia percepción de lo leído. Se aceptan correcciones y discusiones.

sábado, 2 de enero de 2016

Para culminar los apuntes sobre "El Hereje de Soana"

Después de otros encuentros sin contacto, la joven viene a buscarlo al pueblo, él la protege de la enfurecida multitud que quiere matarla, porque la consideran un engendro demoníaco, y sale de noche a llevarla a su lejana vivienda en las montañas, pero el romántico entorno solitario acrecienta en él esos impulsos que lo sobrepasan y también alimenta en ella unas ansias que finalmente los llevan a buscar cobijo en una abandonada ramada donde se tienden sobre un lecho de hojas...

...sie ohnmächtig vor den Toren des Gartens Eden lag, wie der siebenköpfige Drache, das siebenköpfige Tier, das aus dem Meer gestiegen ist...  ...Nie hatte Francesco, nie hatte der Priester ein solches Nahesein bei Gott, ein solches Geborgensein in ihm, ein solches Vergessen der eignen Persönlichkeit gefühlt, und im Rauschen des Bergbachs schienen allmählich die Berge melodisch zu dröhnen, die Feldzacken zu orgeln, die Sterne mit Myriaden goldner Harfen zu musizieren. Chöre von Engeln jubilierten durch die Unendlichkeit, gleich Stürmen brausten von oben  die Harmonien, und Glocken, Glocken, Geläut von Glocken, von Hochzeitsglocken, kleinen und großen, tiefen und hohen, gewaltigen und zarten verbreiteten eine erdrückend-selige Feierlichkeit durch den Weltenraum. —Und so sanken sie, ineinander verschlungen, auf das Laublager.
...yacía ella impotente a las puertas del jardín del Edén, como el dragón de siete cabezas, la bestia de siete cabezas que se yergue desde el mar... ... Nunca Francesco, nunca el sacerdote había sentido tal cercanía con Dios, tal fusión con Él, tal abandono de la propia personalidad, y el ruido del arroyo montañero parecía un canto melódico de las montañas, un toque de órgano de los altos picos y un tañido de arpa de las miríadas de estrellas. Coros angelicales celebraban en la eternidad; como tormentas retumbaban desde lo alto las armonías y... campanas, campanas, tañer de campanas, de campanas de boda, grandes y pequeñas, altas y bajas, potentes y suaves propagaban un envolvente festejo por todo el espacio. —Y así se sumergieron, compenetrados, en el lecho de hojarasca.


Quedó el curita profundamente gratificado por tan exquisita experiencia...

Keinen Augenblick gibt es, der verweilt, und wenn man auch mit angstvoller Hast solche der höchsten Wonne festhalten will —so sehr man sich müht, man findet dazu keine Handhabe.
No hay instante que se prolongue y mientras con más desespero se quiera retener aquellos de mayor placer —por más que uno se empeñe, no se encuentra la manera.

Mitten im überirdisches Rausch des Genusses empfand der Jüngling mit stechendem Schmerz die Vergänglichkeit, im Genuß des Besitzes die Qual des Verlustes.
En medio del supraterrenal vórtice de placer, sintió el joven, con lacerante dolor, la transitoriedad, en el disfrute de la posesión, el suplicio de la pérdida.


Vendrán después los remordimientos y otras consecuencias que era obvio esperar de estos hechos y culminará la novela cuando el narrador original, regresando de donde aquel extraño escritor del relato, escucha desde las lejanas montañas los cantos angustiosos de una mujer errabunda.


Traducciones libres, con base en mi propia percepción de lo leído. Se aceptan correcciones y discusiones.

  Una navidad sentida La pelirroja Ángela y el rubio Daniel han salido a caminar en esta noche de principios de diciembre tibia y luminosa, ...